De la peur à l’amour, vaincre la phobie

De quoi avez-vous peur ? Laissez vos pensées faire émerger quelque chose qui a pu activer cette émotion… Que ressentez-vous dans votre corps lorsque vous avez peur ? Comment est votre respiration ? Êtes-vous tendu ? Vos épaules sont-elles parfaitement relâchées ?
Si vous avez une envie intense d’éviter cette pensée et que vous ressentez une peur intense qui vous semble irrationnelle, peut-être avez-vous une phobie.

Bravo pour votre courage ! Vous venez de vous exposer. C’est-à-dire que vous venez d’aller mentalement vers votre peur plutôt que de la fuir. 
Les Thérapie Cognitives et Comportementales ont montré que de s’exposer à nos peurs est efficace pour nous en libérer. C’est tout à fait contre-intuitif mais c’est un peu comme si en allant vers nos peurs, au lieu de les fuir, on pouvait recréer un sentiment de sécurité. On fait alors un nouvel apprentissage. 

Les psychologues ont longtemps pensé que c’était grâce à l’habituation (le fait de rester présent à l’objet de nos frayeurs) que la peur disparait. Eric Morris, un chercheur expert dans la thérapie d’exposition met en avant qu’il y a finalement peu d’études qui vont dans ce sens. Il précise l’importance de faire de nouvelles associations qui vont inhiber les anciennes (la perspective de l’apprentissage inhibiteur) et d’approcher ce qui nous fait peur avec de la flexibilité psychologique (c’est-à-dire avec une ouverture aux nouvelles expériences, à l’incertitude ou encore une ouverture attentionnelle).

Mes patients m’ont fait découvrir au fils des années de psychothérapies que la plus simple façon d’accéder à ces deux dimensions est la joie.

Prenons un exemple concret. Imaginons que vous ayez une phobie des crabes. La seule vue d’une photo de crabe vous donne alors envie de fuir. Si vous voulez vous en libérer, vous allez devoir aller au-devant des crabes. Mais comment trouver le courage alors que cela fait des années que vous évitez vos vacances à la mer ? 

Partager une attention avec quelqu’un qui n’a pas peur des crabes est un premier pas. On a souvent moins peur lorsque l’on est avec une personne de confiance. Pourquoi ? Parce que le partage d’une attention ou d’une présence, active de la joie sociale qui va nous aider à réguler nos émotions négatives. Depuis longtemps les neurosciences et en particulier Richard Davidson ont montré que les émotions positives régulent les émotions négatives. Avec cette personne de confiance qui n’a pas peur des crabes, voir qui les aime, vous pouvez progressivement regarder des photos de crabes.
En découvrant une autre vision des crabes, au travers du regard de l’autre, vous allez faire de nouveaux apprentissages. Progressivement les crabes vont s’associer à des émotions positives. Van Kleef, un chercheur qui travaille sur la dynamique interpersonnelle des émotions a montré que les réactions émotionnelles que l’on observe chez les autres permettent de créer un nouveau conditionnement émotionnel. Observer quelqu’un qui trouve les crabes cool, va aider votre cerveau à associer les crabes à une émotion positive qui va contrebalancer votre peur. 
Vous pourriez par exemple, regarder des vidéos de gens qui manipulent des crabes ou qui interagissent chaleureusement avec ces adorables petites bêtes, découvrir leur fonction dans l’écosystème, ou pourquoi certaines personnes les adorent. 

Votre cerveau va ainsi progressivement faire un nouvel apprentissage. Vous allez de plus en plus facilement regarder les crabes. Vous allez peut-être même découvrir que vous commencez à aimer les crabes et pourquoi pas, planifier des vacances en bord de mer ? 

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